Les nouvelles règles d'investissement des Business Angels



Durant la crise, les règles d'investissement des Business Angels ont changé. Les transactions ont chuté en moyenne de 31% sur le premier semestre selon une étude du Center for Venture Research. Cette étude montre que les investissements ont représentés 9,1 milliards de dollards, en baisse donc, mais que les entreprises ayant bénéficié de ce capital risque ont augmenté de 6%, à 24500 aux US.

Les Business Angels continuent à financer, mais à des tickets d'entrée plus bas et avec plus d'étapes et de garanties. "Nous assistons maintenant à une réelle quête de la qualité" a déclaré David S. Rose, président de New York Angels. "Si vous êtes un bon coup, vous serez financés".

Qu'est-ce qu'être un bon coup ? Les Business Angels sont à la recherche d'entreprises qui nécessitent moins de capitaux, et qui vont plus rapidement vers la rentabilité. "Désormais, les groupes comme le notre sont à la recherche d'idées très abouties et qui génèrent des revenus" a déclaré Bruce Cerullo, un investisseur basé à Boston.

Faites le vous même

Il y a eu un changement radical dans la sensibilité au risque; plus une société est indépendante financièrement, moins le pari est risqué. "Bootstrapez votre modèle d'entreprise aussi longtemps que vous le pouvez afin de valider votre modèle économique" a déclaré M. Cerullo. "Plus l'attraction sera importante, plus l'effet de levier que recherche les investisseurs sera élevé, et plus vous aurez de poids dans la négociation".

Les entrepreneurs doivent trouver les moyens pour financer leur propre croissance : ne pas se verser de salaire, travailler beaucoup, trouver des subventions et se concentrer sur la partie de leur business le plus à même de générer des revenus.

Il faut garder à l'esprit que la crise économique peut être le meilleur moment pour lancer une entreprise. La main d'œuvre est bon marché et abondante. Les coûts des start-ups ont fortement diminués grâce aux technologies open-source. "En peaufinant votre business plan, vous pourriez vite arriver à la conclusion que le besoin en financement est de ... zéro !" affirme Ian Sobieski, fondateur et directeur général de Band of Angels Fund basé dans la Silicon Vallée. "Le meilleur moyen de lever des fonds est de ne pas en avoir besoin".

Les investisseurs sont à la recherche d'entreprises qui peuvent arriver à l'équilibre dès la phase d'amorçage. En retour, ils sont disposés à être plus patients. Avant, les Business Angels investissaient en seed capital avec l'idée d'un retour sur investissement lors de l'arrivée de la seconde levée de fond.

Soyez réaliste sur la valorisation

Les valorisations ont fortement baissé, environ -40%. Le côté positif est que les coûts de lancement ont également baissé.
Pourtant, certains chefs d'entreprise continuent à sur-valoriser, sans se soucier du fait que cela peut compromettre leurs perspectives à long terme.

"D'après mon expérience, la plus grande erreur, est de se concentrer uniquement sur un ROI le plus élevé possible et le plus rapide possible" a déclaré John Huston, qui investit via Ohio TechAngels et qui est le président de la Angel Capital Association. "Ils ne sélectionnent pas les investisseurs les plus calés sur leur marché et les plus à même de les accompagner sur le long terme."

Jalons

John Huston met en garde les entrepreneurs qui devraient se méfier des "one-check Willy", c'est à dire les investisseurs qui ne financent qu'un tour de table.
La sortie du marché a radicalement changé depuis la baisse des fusions, acquisitions et introductions en bourse. En conséquence, les VC se concentrent sur leurs portefeuilles actuels et incitent d'avantage les Business Angels à aider les start-ups plus longtemps.

Les Business Angels s'attendent désormais à financer plusieurs tours de table et à ne plus compter sur les VC. John Morris, Président d'honneur de Tech Coast Angels en Californie du Sud révèle que les Business Angels maintiennent aujourd'hui des réserves de 200 à 300% contre zéro il y a quelques années.

"C'est probablement la seule différence" a déclaré M. Morris. "Les Business Angels ont appris la nécessité de conserver des réserves et d'investir par tranches, en gardant toujours de la trésorerie pour les prochains tours".

Entraînez vous à "vendre" votre business plan

Les entrepreneurs doivent être prêts à présenter leur business plan complet, en slides de 20 minutes, en résumé de 2 minutes, etc. L'entraînement est le maître mot car il vous placera au premier plan. Participez à des conférences. Il existe de nombreux événements vous permettant de présenter votre business plan en brefs exposés à des par-terres d'investisseurs.

Susan Preston, associé de CalCEF, un fond d'investissement basé à San-Francisco et auteur de 2 livres sur le capital-risque a déclaré qu'un entrepreneur pouvait être amené à présenter son business plan à plus de 100 investisseurs avant de lever ses premiers fonds.
"En période difficile, seules les stars absolues remontent à la surface et reçoivent un financement. S'ils veulent avoir une chance, il faut qu'ils soient bien préparés."

Savoir où chercher

Souvent, les Business Angels se cachent pour ne pas être submergés de dossier. Les listes et les annuaires ont leurs limites même si certaines peuvent vous aider à démarrer. "Cherchez, regardez plus loin, faites jouer votre réseau plutôt que de prendre la voie de la faciliter en visitant seulement les 10 premiers résultats de Google", a déclaré Jeff Sohl, directeur du Center for Venture Research.

Il faut considérer les Business Angels solos et les groupes organisés. Ces investisseurs ont tendance à se concentrer sur des entreprises régionales, mais de plus en plus se spécialisent dans des secteurs d'activités comme la technologie, l'énergie propre ou le médical.

Une erreur classique est de n'envisager les Business Angels que comme des apporteurs de fonds, en sous estimant l'une des plus importantes contributions : leur expertise et leur réseau.

Être coacher par des Business Angels

Murat Ozsu a résisté à la crise. Il raconte.
Durant la création d'une plateforme en ligne qui aide les hôtels indépendants à gérer leurs réservations, M. Ozsu est passé par des périodes difficiles où il dût déménager dans une maison plus petite, emprunter à sa famille, à ses amis, et travailler des nuits durant afin de coordonner les développements informatiques sous-traités en Inde.
Il s'est présenté auprès de centaines d'investisseurs avant de susciter l'intérêt de quelques uns.
Juste au moment où il était sur le point d'obtenir un financement, ses projets furent confrontés à un hic majeur : l'effondrement financier de 2008.

M. OZSU a reprit son business plan. Sur les conseils de Business Angels, il l'a revu et corrigé pour ces temps de vaches maigres et réduit ses besoins de capitaux par 2. "J'ai été conseillé par des personnes qui en sont passés par là, avec leur expérience d'entrepreneur" dit-il. "Il y a beaucoup à apprendre des erreurs des autres. Nous en faisons déjà beaucoup alors pourquoi refaire les leurs ?".

En définitive, sa société a gagné le soutien de 15 Business Angels de l'Etat de New York et il a finalement pu lever 1,2 M$, le double se son objectif et finalement le même montant qu'avant la crise. Il a récemment fait un second tour de table de 300 000 $ et sa société devrait passer le seuil de la rentabilité à l'été prochain.

Cette expérience lui a appris que le but n'était pas de lever de l'argent, mais de réaliser un business plan qui a du sens. L'argent est un outil.

Article traduit du New York Times, publié le 28 octobre 2009

No comments:

Post a Comment